DTG/3TC chez les patients avec des comorbidités psychiatriques : switch ou pas vers BIC/FTC/TAF ?

Les données intermédiaires de l'étude espagnole MIND montrent, après 24 semaines de suivi, que le switch vers BIC/FTC/TAF chez des patients vivant avec le VIH en succès virologique et porteurs de comorbidités neuropsychiatriques ne procure pas de bénéfice significatif sur le plan neuropsychiatrique par rapport à la poursuite de la thérapie duale associant dolutégravir et rilpivirine.
Les personnes vivant avec le VIH et présentant des comorbidités neuropsychiatriques ont été exclues des grands essais cliniques sur DTG/3TC, ce qui fait que nous sommes dans l'ignorance du profil de sécurité neuropsychiatrique de la thérapie duale au sein de ce groupe précis de patients. D'où l'intérêt pour la présentation, à Glasgow, des premières résultats, à 24 semaines de suivi, de l'étude MIND, un essai randomisée, multicentrique et en double aveugle mené par un groupe d'investigateurs espagnols.
Leur but était de comparer la sécurité neuropsychiatrique de la poursuite du traitement dual DTG/3TC, versus un switch vers une trithérapie associant BIC/FTC/TAF sur un groupe de 80 patients vivant avec le VIH, en succès virologique et présentant des comorbidités neuropsychiatriques préexistantes. Ces dernières étaient réparties de la façon suivante au sein des patients inclus : insomnie (54%), anxiété (51%), dépression (49%), consommation de drogues (22%), abus d'alcool (31%) et prise de substances psychoactives (61%).
Notons enfin que 89% des patients inclus étaient stables et ne présentaient pas de décompensation de leur affection neuropsychiatrique lors de l'inclusion dans l'étude.
DTG/3TC vs BIC/FTC/TAF : profil de sécurité neuropsychiatrique identique
À 24 semaines de suivi, on constate :
-Cinq patients ont arrêté le traitement dans chaque groupe ;
-Les effets indésirables conduisant à un arrêt du traitement, ainsi que les effets indésirables de grade 2,3 et 4, sont comparables dans les deux groupes. Sous DTG/3TC, les effets secondaires les plus fréquents étaient les céphalées (15,4%), les insomnies (7,7%) et l'anxiété/dépression (5,1%). Dans le groupe BIC/FTC/TAF, les effets secondaires les plus fréquents étaient l'anxiété (14,6%), la dépression (7,3%) et l'insomnie (7,3%).
-Une tendance suicidaire a été signalée chez un patient sous DTG/3TC et chez deux patients dans le groupe comparatif.
-Les variations des réponses aux questionnaires HADS (anxiété et dépression), PSQ (qualité du sommeil), HIV-SI (symptômes liés au VIH, MOS-VIH (qualité de vie) et ESTAR (satisfaction à l'égard du traitement) étaient identiques dans les deux groupes de traitement.
Au final, les résultats, à 24 semaines de suivi, montrent que le switch vers BIC/FTC/TAF ne procure pas d'amélioration du profil neuropsychiatrique en cas de problèmes préexistants par rapport à la poursuite de DTG/3TC. Les seuls bénéfices observables de ce switch concernent une meilleure tolérance gastro-intestinale (nausées et inconfort abdominal) et un bénéfice sur le profile lipidique (cholestérol total et LDL-cholestérol).
Réf : Mata D. et al. Présentation orale 043, HIV Glasgow 2024.