
Conventionnement : Vandenbroucke veut museler les syndicats médicaux
Sous prétexte d’encourager le conventionnement des médecins, le ministre socialiste de la Santé propose un lien direct entre le financement des syndicats médicaux et le taux de conventionnement de leurs affiliés. Une manière à peine voilée d’acheter leur docilité. L’Absym et le GBO flairent le piège.
L’étau se resserre autour des syndicats médicaux. Selon plusieurs sources, dès 2026, Frank Vandenbroucke entend conditionner leur financement public à leur capacité à convaincre les médecins de se conventionner. Plus ils obtiendront de conventionnements, plus ils toucheront de subsides. Moins ils le feront, plus leurs ressources fondront. Voilà la dernière trouvaille du ministre de la Santé, qui cherche à tout prix à enrayer la chute du taux de conventionnement des praticiens — particulièrement en médecine spécialisée.
Un financement à la tête du client
Jusqu’ici, les trois syndicats reconnus (Absym, Cartel, AADM) recevaient une dotation liée à leurs résultats aux élections médicales. Demain, cette enveloppe serait modulée selon la proportion de médecins conventionnés dans leurs rangs. Une manière d’aligner les représentants syndicaux sur les objectifs gouvernementaux, et de punir ceux qui soutiendraient les praticiens désireux de rester hors convention. Une logique que plusieurs jugent « orwellienne ».
L’Absym, comme le Cartel, dénoncent une atteinte frontale à la liberté syndicale. Leur crainte : qu’une telle pression financière les transforme en relais serviles de l’Inami, au lieu de défendre les intérêts concrets des médecins. Une fois de plus, la concertation est sacrifiée sur l’autel de l’obéissance budgétaire. Et le timing, en pleine négociation d’un nouveau cadre médico-financier, n’a rien d’innocent.
Propositions ignorées
Pire encore : lorsque l’Absym et le Cartel proposent une mesure d’économie alternative — l’indexation des tickets modérateurs, restés figés depuis vingt ans — le ministre balaye l’idée d’un revers de main. Alors qu’elle aurait permis de dégager 114 millions d’euros de manière structurelle. Pas assez idéologique sans doute.
Le bras de fer est engagé. Derrière cette réforme se cache une ambition claire : reprendre en main une profession en pleine désaffection et neutraliser les contre-pouvoirs. En s’en prenant au nerf de la guerre — le financement — le ministre espère désarmer les voix critiques. Mais il pourrait bien provoquer, à l’inverse, une radicalisation syndicale. Et un divorce consommé entre la médecine de terrain et la gouvernance technocratique.