La médecine générale doit continuer à donner la priorité aux patients, pas aux contrôles
8 mai 2025 - Les dix organisations membres du CMG (Collège de la médecine générale) ont pris connaissance des premières mesures envisagées par le gouvernement fédéral dans le cadre de son « Plan global de prévention et de réinsertion des malades de longue durée ».
Dans ce contexte, elles souhaitent rappeler que les valeurs essentielles sur lesquelles se fonde l’exercice de la médecine générale ne peuvent être menacées. La confiance et la bienveillance constituent les clés de voûte d’une relation médecin-malade harmonieuse et opérante.
Un médecin généraliste (MG) a comme premier objectif de soigner son patient et de lui recommander ce qu’il juge le plus opportun pour sa santé et son bien-être. Dans l’écrasante majorité des cas, les patients en incapacité de travail pour une longue durée vivent des situations médicales et/ou psychologiques incompatibles avec leurs capacités à maintenir leurs activités professionnelles. Ces derniers temps, les médecins généralistes ont été les premiers témoins des évolutions de notre société qui ont induit une évidente dégradation des conditions de travail.
Si des mesures de réintégration peuvent aider les MG à soutenir la remise au travail de certains patients, il est important de ne pas entraver le MG dans l’accompagnement de patients en grandes difficultés. Certaines mesures gouvernementales dévoilées récemment s’avèrent bien plus basées sur le contrôle et la suspicion que sur la prévention et l’amélioration du bien-être au travail. Nous craignons l’instauration d’un climat délétère qui pousse nos patients à prendre des options que nous jugeons inadéquates par rapport à ce que leur état de santé physique et/ou mentale recommande.
Il faut éviter un climat délétère
La généralisation du certificat d’incapacité électronique devrait, à très juste titre, permettre d’identifier les médecins qui déshonorent notre profession en permettant d’inadmissibles abus, mais aussi les secteurs d’activités les plus touchés ainsi que le type de pathologie y associé.
Mais il faut néanmoins éviter qu’un climat délétère de chasse aux sorcières vienne influencer négativement la relation entre le médecin généraliste et son malade. Le médecin doit pouvoir prendre ses décisions en toute indépendance, sans arrière-pensée qui le détournerait de l’intérêt premier de son patient.
De par les diversités importantes socio-économico-culturelles et environnementales de notre population, les médecins généralistes font face à de grandes variabilités de situations pathologiques voire de détresse qui entrainent des recommandations et/ou des incapacités de travail fort différentes.
L’importance de la plateforme TRIO

Le médecin généraliste n’a pas pour mission d’assurer des contrôles ou d’analyser l’aménagement possible des conditions de travail de ses patients. Le médecin conseil de la mutuelle et le médecin du travail ont ces vocations. Toutes les composantes du CMG voient positivement l’instauration progressive de la «plateforme TRIO» qui rendra plus fluides les échanges des généralistes avec les médecins conseils et les médecins du travail. Les médecins généralistes portent une attention de la plus haute importance à la préservation du secret médical au sein de cette plateforme TRIO, par un cloisonnement étanche entre équipes médicales et employeurs.
Il est primordial d’accroître la force de travail de médecins conseils et des médecins du travail, si l’on veut réussir un véritable accompagnement et une réinsertion des malades de longue durée. La médecine générale, déjà fortement impactée par une pénurie sans précédent, ne pourra endosser un surcroît de travail suscité par le « Plan global de prévention et de réinsertion des malades de longue durée ».
La priorité doit être donnée à la qualité de notre relation professionnelle médecin – patient pour des soins optimaux.
Pour le Collège de médecine générale, son président, Didier Giet
Et les administrateurs de l’OA du CMG
Pour l’ABSyM, Luc Herry et Benoît Hellebuyck
Pour le GBO, Anne Gillet et Pascaline d’Otreppe
Pour la SSMG, Sarah Cumps, Quentin Mary, Naji Mokaddem, Geneviève Bruwier
Pour la FAMGB, Michel Devolder, Christophe Barbut
Pour la FAGW, Guy Delrée
Pour le CAMG/UCLouvain, Michel De Jonghe
Pour le DMG/ULB, Benjamin Fauquert
Pour le DMG/ULiège, Didier Giet
Pour CAPMG/UNamur, Tanguy de Thier
Pour l’AMGF, Cyntia Garcia Dos Santos