Plus d'euthanasie pratiquées en Belgique en raison du vieillissement démographique

De plus en plus de personnes ont recours à l'euthanasie chaque année, un phénomène lié aux changements démographiques et au fait qu'il y a de plus en plus de personnes âgées en Belgique, rapporte De Standaard ce mardi, citant une étude publiée dans la revue spécialisée Jama Network Open.
L'euthanasie est permise en Belgique depuis 2002 selon un cadre légal qui stipule qu'elle ne peut être accordée qu'aux patients qui souffrent de manière insupportable en raison d'une maladie ou d'un accident et pour lesquels aucun traitement n'est possible. Les patients doivent en faire la demande de manière volontaire et répétée.
La première année de l'entrée en vigueur de la loi, 23 personnes ont demandé l'euthanasie. L'année suivante, ce sont 236 patients en phase terminale qui l'ont requise. En 2023, 3.991 patients ont été euthanasiés.
L'augmentation dans les 15 premières années était surtout imputable à l'incorporation et à la normalisation de la loi, notent les chercheurs de l'étude "Incidence and Prevalence of Reported Euthanasia Cases in Belgium, 2002 to 2023", parue le 23 avril dernier dans le Jama Network Open. À partir de 2017, l'augmentation semble être principalement due au vieillissement de la population. La plupart des décès par euthanasie concernent des patients atteints de cancer, suivis par des personnes présentant un ensemble de pathologies multiples liées à l'âge. L'euthanasie pour des personnes atteintes de démence reste limitée.
Un temps d'adaptation avec la pratique
"Cette étude transversale montre qu'un tiers à un quart de l'augmentation globale de la prévalence des cas déclarés d'euthanasie en Belgique au cours de la période étudiée peut être attribuée aux changements démographiques. Alors qu'il y a eu une forte augmentation des cas déclarés au cours des dix premières années suivant la mise en œuvre de la réglementation, le taux d'augmentation a ralenti après 2015, ce qui suggère qu'il a fallu du temps pour que la population belge et les professionnels de la santé se familiarisent avec la pratique de l'euthanasie et l'adoptent. Les premières tendances pourraient ne pas refléter les tendances à long terme. Nous observons également une évolution à long terme de la prévalence de l'euthanasie déclarée, marquée par une augmentation chez les femmes et une réduction des différences régionales entre les régions néerlandophones et francophones. Enfin, l'augmentation des cas de multimorbidité souligne la complexité croissante des états de santé des personnes demandant l'euthanasie, alors que les cas associés aux troubles psychiatriques et à la démence sont restés relativement stables", conclut Jacques Wels, l'un des auteurs, professeur à l'University College de Londres.