Cardiologie

Un stent en magnésium, qui se dissout tout en réparant l’artère

stent24 juin 2025 - Depuis quelques mois, une poignée d’hôpitaux belges ont recours, chez certains patients, à un stent biorésorbable plutôt qu’à son cousin métallique. Cette endoprothèse coronaire de nouvelle génération, riche en magnésium, permet un « étançonnage » transitoire, le temps que l’artère cicatrise. Quelles en sont les indications ? Et quels sont les bénéfices de cette stratégie d’angioplastie ?

Le 20 avril dernier, l’équipe de cardiologie interventionnelle de l’Hôpital Citadelle (Liège) procédait à la pose d’un stent biorésorbable chez un patient. Une première pour cet établissement, mais pas pour le Dr Aurélien Cagnina, médecin spécialiste formé à Lausanne puis à Genk, centres pionniers dans l’implantation de ce nouveau stent. L’occasion de passer en revue les indications particulières et les atouts de cette endoprothèse amenée à se généraliser dans nos hôpitaux d’ici les prochains mois.

Une cicatrice saine et plus solide

Composé à 93 % de magnésium et 6 % d’aluminium, ce stent a la particularité de se dissoudre, par réaction chimique, au fil des mois. La résorption se fait progressivement au cours de la première année qui suit la pose, pour ensuite laisser place complètement à l’artère native qui, grâce à cet « étai » provisoire, a pu cicatriser naturellement. « Le stent contient également un médicament antiprolifératif de type sirolimus, comme dans les stents classiques », précise le Dr Cagnina. « Après un an, 99,5 % du magnésium s'est dissous et on voit que l'artère a repris sa conformation normale, avec une cicatrisation. »

Les études prospectives (jusqu’à 36 mois) montrent moins de 0,1 millimètre de réduction du calibre de l’artère après 12 mois. La cicatrisation s’avère en outre bénéfique car la paroi ainsi reconstituée est plus stable qu’avant : « Se forme une petite coque fibreuse légèrement plus épaisse, qui va permettre d’avoir une stabilisation de la plaque ; elle sera dès lors moins à risque, plus tard, de se fissurer et de venir boucher l’artère de manière aiguë. »

Une préparation un peu plus importante

D'un point de vue pratique, le recours à ce stent diffère peu de la procédure standard. Le modèle biorésorbable existe en différentes longueurs et plusieurs diamètres (2,5 à 4 millimètres), l’épaisseur des mailles (99 à 140 microns en fonction du diamètre) est elle aussi semblable malgré la présence du magnésium. « Techniquement, pour l'amener sur place - à 99 % par l’artère radiale via un guide coronaire -, c'est plus ou moins la même chose, si ce n'est qu'il faut une préparation de l'artère un peu plus importante », détaille le Dr Cagnina. « La préparation doit être parfaite, pour avoir une sténose résiduelle inférieure à 20 % avant son placement. » Comme avec un stent en métal, il faut parfois repasser un ballonnet pour bien appliquer l’endoprothèse contre la paroi. « Le résultat doit être optimal et correspondre au diamètre de l’artère, mais l’accessibilité et la ‘tractabilité’ du stent sont identiques. »

Pour s’assurer d’avoir un résultat parfait, le cardiologue recourt éventuellement à l'imagerie endocoronaire, par échographie ou par cohérence optique, pour avoir une dimension précise, tout particulièrement au niveau du diamètre. Cet examen n'est toutefois pas remboursé en Belgique... « On ne l'utilise donc que pour des cas particuliers, par exemple chez les patients jeunes ou pour des situations anatomiques bien précises. » Des discussions sur le remboursement sont prévues l’an prochain car l’imagerie améliore significativement les résultats. En attendant, la procédure est prise en charge par l’hôpital, sans coût supplémentaire donc pour le patient.

Dr Aurélien Cagnina
Le Dr Aurélien Cagnina (Hôpital Citadelle) © CV

« Il y a une propension, désormais, à essayer d'utiliser
le moins de métal possible
au niveau des artères. »
Dr Aurélien Cagnina

Pour quelles indications ?

Ce patient « jeune », justement, constitue souvent un candidat idéal pour le stent biorésorbable. Et ce, d’autant plus si sa lésion est sujette à devoir subir un futur éventuel pontage : « Si on utilise un stent métallique, on ne sait plus faire de pontage car on ne sait plus ‘accrocher’ et faire un point de suture dans le métal », précise le Dr Cagnina. Désormais, ces patients moins âgés peuvent être stentés et quand même bénéficier, à terme, d’un pontage si nécessaire. « Par ailleurs, plus jeune est le patient chez qui on implante un stent métallique, plus important est le risque de resténose dans le stent, et donc le risque de devoir procéder à une seconde intervention, car une micro inflammation continue entraîne une reprolifération. » Maintenue ouverte via un stent résorbable, l’artère peut retrouver sa vasomotricité quasi normale, comme si elle n’avait jamais été stentée.

Et pourquoi pas chez les patients plus âgés ? Parce que la composition de l’athérome diffère selon l’âge. « Chez les patients jeunes, les plaques sont plutôt riches en graisses. Or on sait que ces plaques-là sont plus sujettes à des ruptures et des infarctus aigus. Placer un stent médicamenteux (qu’il soit métallique ou résorbable) est important pour éviter l’infarctus massif. » Un rétrécissement artériel de 70 % causé par une plaque très calcifiée chez un senior peut représenter un moindre danger qu'un rétrécissement de 50 % dû à un athérome composé majoritairement de lipides. C’est là tout l’intérêt de l’imagerie afin de bien discerner la nature des dépôts coronariens.

« Les patients nous sont référés soit de manière élective par des collègues cardiologues pour une indication de coronarographie (douleur dans la poitrine, difficulté respiratoire, arythmie particulière), soit via nos collègues des urgences en cas de syndrome coronarien aigu », poursuit notre interlocuteur. « Dans ce dernier cas, on fait la coronographie le jour même, on vérifie l’état des artères et, s’il y a rétrécissement, on regarde si le patient est éligible pour tel ou tel stent, en fonction de la nature des lésions. »

Les plus récentes études sur ce stent (incluant une centaine de patients), présentées en mai à Paris, montrent une non-infériorité à trois ans par rapport à son homologue métallique, les bénéfices en plus : vasomotricité et pulsatilité coronaire restaurées, pas de thrombose (même au niveau du stent), pas de réponse inflammatoire chronique et donc moins de nouvelle prolifération engendrant un rétrécissement, site préservé pour un éventuel pontage ultérieur...

« Le stent biorésorbable est certes un peu plus cher, mais plus il va se généraliser, - ce qui va être le cas vu ses résultats de très bon augure -, moins il coûtera. Maintenant, il faut attendre à plus long terme pour voir si les résultats se maintiennent après cinq, puis dix ans. Une étude plus vaste, incluant de nombreux centres européens, vient d’être lancée. On ne peut pas l’implanter chez tout le monde, ni dans n’importe quelle artère, il y a des aspects techniques à prendre en compte et il faut bien connaître les (contre)-indications.  Mais il est clair que nous avons une propension, désormais, à essayer d'utiliser le moins de métal possible au niveau des artères, par exemple en déployant juste un ballonnet qui diffuse un antiprolifératif sur place, sans plus poser de stent », conclut le Dr Cagnina.

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Écrit par Cécile Vrayenne17 juin 2025

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