L’Unité audit hôpitaux de l’Inami entend « surveiller les hôpitaux pour améliorer l’efficacité des soins »
L’Unité audit hôpitaux (UAH), créée en novembre 2021 et qui a publié hier d’ailleurs un rapport sur l’insuffisance rénale poursuit son bonhomme de chemin sans préciser clairement l’amélioration réelle qu’engendrent ses audits. L’Inami s’est associé au SPF Santé publique et l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) « pour surveiller les hôpitaux de façon plus efficace, plus simple et plus transparente ».
Le leitmotiv de cette cellule est alléchant : surveiller les hôpitaux pour améliorer l’efficacité des soins.
Pour ceux qui n’en auraient jamais entendu parler car elle n’a pas été très médiatisée, l’UAH est partie prenante de l’examen de la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique publiée hier.
La mission officielle de l’Unité est « d’augmenter la qualité, la performance, la conformité et l’efficacité des soins de santé organisés et dispensés par les hôpitaux ». L’Unité entend « créer une valeur ajoutée pour les patients, les hôpitaux et les pouvoirs publics et optimiser l’utilisation des moyens fédéraux disponibles, prévus pour les soins de santé ».
Proactif plutôt que réactif
Divers textes réglementaires soutiennent l’initiative comme le « Plan d’action en matière de contrôle des soins de santé 2016-2017 » qui permettait de faire des audits d’hôpitaux systématiquement ainsi que du « Plan d’action en matière de contrôle des soins de santé 2018-2020 ».
Déjà en 2021, l’UAH se destinait à être proactive et non pas réactive étant donné que par le passé, l'inspection et les sanctions s’étaient révélées peu utiles pour les soins inefficaces et les soins à faible valeur ajoutée même si les services d’inspection sont restés en place.
L'audit peut prendre deux formes : analyse des données disponibles sur une sujet donné ou audit effectué sur place dans l’hôpital. L’Unité prévient d’abord l’hôpital à l’issue de l’audit et propose des points d’amélioration. Si des pratiques mettent en danger les patients, l’inspection est avertie.
Socle commun
Le « socle commun » entre l’Inami, le SPF Santé publique et l’AFMPS (sans qu’il y ait fusion entre les trois) permet de mettre autour de l’Unité Hôpitaux ces trois acteurs autour de la table.
Ainsi, l’Unité « utilise des méthodes d’audit bien définies pour les audits thématiques dans le secteur hospitalier ». Chaque audit évalue notamment « la conformité aux normes et règles des 3 administrations » (ICD-10-BE, réglementation AFMPS, BMUC, P4P, etc.) et « la performance et l’efficacité des soins dispensés ».
Les audits « mettent l’accent sur l’importance du suivi dans les trajets d’amélioration des hôpitaux et de leurs dispensateurs de soins. Le feed-back, les demandes d’explications, le partage de « best practices », l'invitation aux initiatives d'amélioration et le monitoring occupent une position centrale. De cette manière, les dispensateurs de soins et les hôpitaux peuvent collaborer avec les pouvoirs publics en vue d’une amélioration continue ».
Les trois instances fédérales suscitées « relient les données relatives au diagnostic et au traitement, avec les données de facturation ».
Des partenaires externes (associations professionnelles, KCE) pourraient s’y associer prochainement.
L’UAH a déjà réalisé, outre l’insuffisance rénale chronique, un audit sur les prothèses de hanche, la chirurgie bariatrique, les césariennes, les soins reportés en matière de Covid-19, l’imagerie médicale lourde. Audits encore à réaliser : l’amygdalectomie, l’AVC (accident vasculaire cérébral) ischémique et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO)
Les limites de l’exercice
Le fait que l’audit couvre de nombreux thèmes (chirurgie bariatrique, prothèses, imagerie, soins reportés Covid-19…) est prometteur, mais pose une question de ressources (temps, experts, suivi) pour garantir un réel accompagnement et un suivi post-audit efficace. Les audits dépendent beaucoup de la volonté des hôpitaux et des instances de suivi.
Il faut vérifier que :
-les audits ne restent pas « dans les tiroirs » mais débouchent sur des actions concrètes, suivies, mesurables.
-les indicateurs utilisés captent bien la qualité et l’efficacité, et pas seulement la conformité administrative ou codage.
-il y ait bien une comparabilité entre hôpitaux (taille, type, mission, publics/privés) pour que les analyses soient équitables.
Il faut aussi des ressources dédiées pour le suivi post-audit, la diffusion des « best practices », la mise en œuvre opérationnelle (et non juste la publication de rapport).
Enfin, rappelons que les hôpitaux sont soumis à de fortes tensions budgétaires et à des réglementations tatillonnes qui s’accumulent et se chevauchent. Ce n’est pas une excuse pour mal utiliser les deniers publics mais cela fixe les limites d’une telle investigation. De l’impossible nul n’est tenu…