Malgré son efficacité, la doxyPEP reste boudée par les personnes vivant avec le VIH

Mai 2025 - Deux études américaines témoignent du paradoxe de la doxyPEP, une stratégie de prévention des IST dont l’efficacité est à présent bien reconnue mais qui semble encore insuffisamment utilisée surtout par les personnes vivant avec le VIH.
La doxyPEP boudée
Le Dr Mike Barry (San Francisco AIDS Foundation) a présenté, lors de la CROI 2025, de nouvelles données concernant la prise de doxyPEP parmi les patients suivis à la clinique Magnet de San Francisco entre 2022 et 2024 [1].
La clinique, qui suit environ 6.000 personnes sur base annuelle et recense environ 16 % des diagnostics de syphilis et de gonorrhée à San Francisco, a identifié 7.436 personnes qui répondaient aux critères d’accès à la doxyPEP selon les directives locales.
Des personnes éligibles, 59 % ont reçu des prescriptions de doxyPEP, mais seules 36 % des personnes admissibles ont déclaré avoir pris au moins une dose, et seulement 22 % ont scrupuleusement respecté les règles de prise en cas de risque d’exposition aux IST.
Le plus déroutant dans ces résultats est le constat que ce sont les personnes vivant avec le VIH qui se révèlent les moins susceptibles de recourir à la doxyPEP, puisque seules 14% l’ont fait. C'était l'un des taux les plus bas parmi les différents groupes démographiques pris en compte lors de cette étude. En effet, seules les SDF affichant une taux d’utilisation plus faible (13 %).
La doxyPEP, une prévention pourtant hautement efficace
Dans une étude distincte [2], le Dr Hyman Scott (ministère de la Santé publique, San Francisco) a présenté de nouvelles données démontrant l'efficacité de la doxyPEP, y compris contre la gonorrhée, chez les utilisateurs de PrEP.
L’étude a comparé les diagnostics d'IST au cours des cinq trimestres avant et après que les participants ont initié la doxyPEP. Cette dernière a permis de réduire de 66 % l'incidence globale des IST. Plus précisément, les cas de syphilis ont diminué de 89 %, ceux de la chlamydia de 81 % et ceux de la gonorrhée de 44 %. Il est intéressant de noter que, contrairement à nombre d’essais antérieurs, cette étude montre une réduction statistiquement significative des infections à gonorrhée.
Pour les investigateurs il semblerait que le timing d’administration de la doxyPEP pourrait être crucial dans le cas spécifique de la prévention des gonorrhées. Mieux vaut traiter au plus tôt après un rapport suspect. Des concentrations élevées en doxycycline peuvent prévenir l'infection par Neisseria gonorrhoeae dans les premières 24 heures suivant l'exposition. Il est donc capital d’initier la doxyPEP dès que possible après les rapports sexuels.
Réf :
1. Barry MP. et al. Abstract 164, CROI 2025, San Francisco.
2. Scott H. et al. Abstract 163, CROI 2025, San Francisco.